GUSTAVE MOREAU


Qui était Gustave Moreau et quel a été son parcours ?


Gustave Moreau est né en 1826 à Paris. Sa mère, Pauline Desmoustiers est la fille d’un ancien maire de la ville de Douai, et son père, Louis Moreau, est architecte de la Ville de la Paris. Ce dernier va inculquer au jeune Gustave une solide culture classique afin, selon lui, de pallier le manque cruel de connaissances dans ce domaine par les jeunes de l’époque. Louis Moreau a donc depuis le début soutenu son fils dans sa carrière artistique.
Gustave Moreau commence à dessiner à l’âge de six ans. Après un bref passage à Vesoul, les Moreau reviennent vivre à Paris dans le neuvième arrondissement, puis s’installent à Montmartre, au 16 rue des Trois Frères.
Dix ans plus tard, Camille, la petite sœur de Gustave, décède à l’âge de treize ans. Gustave Moreau a une santé fragile, et poursuit son éducation à domicile.
Après son baccalauréat, Moreau va suivre les enseignements du peintre François-Edouard Picot, puis va entrer à l’Académie des Beaux-Arts. Cependant, ayant raté à deux reprises l’obtention du prix de Rome, Moreau va quitter l’institution.
Il va faire la connaissance du peintre Théodore Chassériau, ancien élève d’Ingres, qui va beaucoup l’influencer. Moreau devient alors féru de peinture d’histoire, et va passer beaucoup de temps avec Chassériau, qui l’aide à perfectionner sa technique de dessin.
Plus qu’un mentor, il va devenir un ami auquel Moreau veut ressembler, en adoptant son style élégant, et en l’accompagnant à l’Opéra.
En 1852, les parents de Gustave Moreau lui achètent une maison située au 14 rue de la Rochefoucauld, dans laquelle ils habitent avec leur fils, jusqu’à leur mort. A l’étage de cette maison se trouve l’atelier de Gustave Moreau.
L’attente du succès pour Moreau… qui va devenir le père du symbolisme.
Un évènement va bouleverser la vie de Gustave Moreau : il s’agit de la mort de son mentor, peintre et ami Théodore Chassériau, en 1856. On a souvent fait remarquer que la mort était très présente dans l’œuvre de Moreau. Le point de départ a été la mort de son ami, dont Gustave Moreau s’inspira en peignant Le jeune homme et la mort. La peinture représente un jeune homme se déposant une couronne de lauriers sur la tête, et la mort endormie derrière lui. Le jeune homme a les traits sublimés de Théodore Chassériau.
Suite à ce triste évènement, Moreau part en Italie pour retrouver l’inspiration et remettre en question tout son art. Il entreprend un voyage de deux ans pendant lequel il réalise des copies des grands-maîtres (Michel-Ange, Raphaël, Véronèse…) et rencontre Edgar Degas. A son retour à Paris, Moreau souhaite devenir peintre d’histoire, en faisant « un art épique qui ne soit pas un art d’école ». Mais le succès se fait attendre…
Entre-temps, il rencontre Alexandrine Durieux. Elle est institutrice non loin de la maison des Moreau, et restera toute sa vie « sa meilleure et unique amie ». Muse, amante, amie, Alexandrine a été la seule présence féminine notable (en dehors de sa mère) de la vie de Gustave Moreau.
C’est en 1864 que Gustave Moreau acquiert la notoriété, avec Œdipe et le Sphynx, présenté au Salon de la même année. De 1866 à 1869, les oeuvres présentées par Moreau aux salons auxquels il participe choquent le public, et les peintures sont souvent caricaturées. Cruauté des scènes représentées, disproportions des sujets dans le cadre ou encore invention des sujets bibliques qui n’existent pas (comme Diomède dévoré par ses chevaux) sont les principaux griefs soulevés contre les œuvres de Moreau.
Suite aux troubles de la Commune de Paris en 1871, Moreau peint de moins en moins.
Il fait son grand retour dans les salons en 1876 avec quatre œuvres réalisées à l’aquarelle qui font sensation : Salomé (dansant devant Hérode), L’Apparition, Hercule et L’hydre de Lerne et Saint-Sébastien. Cette fois-ci, ce ne sont pas les sujets qui font parler, mais l’étrangeté avec laquelle ils sont représentés. C’est Emile Zola qui décrit le mieux l’impression dégagée par les peintures de Moreau, comme « des rêveries subtiles, compliquées, énigmatiques dont on n’arrive pas tout de suite à démêler le sens. » L’auteur de Germinal utilise pour la première fois le mot qui qualifiera le style de l’artiste, annonçant un nouveau courant artistique : le symbolisme.
Deux ans plus tard, les toiles sélectionnées pour l’Exposition Universelle de
1878 vont confirmer l’engouement pour son style symboliste teinté de mysticisme. Plus tard, Moreau affectionne les fables mythologiques, en y incorporant des éléments relatifs à l’Inde.
Récompensé pour son apport au monde de la peinture, Gustave Moreau a été nommé professeur à l’Ecole des beaux-Arts, prenant la suite de Léon Bonnat. A cette époque-là, Alexandrine Dureux est malade. L’amie du peintre décède en 1890, laissant Gustave Moreau inconsolable. Il peint Orphée sur la tombe d’Eurydice en hommage à Alexandrine, comme pour représenter leur amour éternel.
Cependant, malgré tout l’amour que le peintre éprouvait pour son amie, sa peine est incomparable à celle qu’il avait éprouvée six ans plus tôt, lorsque la première femme de sa vie, sa mère, était décédée.

Son héritage : le musée Gustave Moreau


Après les décès successifs de sa mère et d’Alexandrine Dureux, Gustave
Moreau se sent très seul, et est empreint à une grande mélancolie. Il songe à
la postérité… Il rassemble alors ses collections de dessins, de croquis et ses œuvres en général, et engage des travaux dans sa maison de la rue de la Rochefoucauld pour l’agrandir et le surélever d’un étage. L’objectif : faire de sa
maison-atelier un musée dédié à son œuvre, après sa mort. Dans son testament, il lègue à l’Etat la maison dans laquelle il vécut jusqu’à sa mort en 1898. Voici l’extrait de son testament se rapportant à la création de son musée : « Je lègue ma maison sise 14, rue de La Rochefoucauld, avec tout ce qu’elle contient : peintures, dessins, cartons, etc., travail de cinquante années, comme aussi ce que renferment dans ladite maison, les anciens appartements occupés jadis par mon père et ma mère, à l’Etat, […] à cette condition expresse de garder toujours - ce serait mon vœu le plus cher - ou au moins aussi longtemps que possible, cette collection, en lui conservant son caractère d’ensemble qui permette toujours de constater la somme de travail et d’efforts de l’artiste pendant sa vie. »
Le musée Gustave Moreau est ouvert au public depuis 1903, et constitue un témoignage de l’époque où le quartier de la Nouvelle-Athènes était un quartier apprécié des artistes, si ce n’est même un point de rendez-vous obligatoire. Ce quartier est situé en bas de la Butte Montmartre, au sud de Pigalle. Nombre d’écrivains, de musiciens et de peintres y ont vécu au XIXème siècle (les frères Goncourt, George Sand, Frédéric Chopin, Victor Hugo, Claude Monet...). La Nouvelle Athènes doit son nom à l’architecture qui donne aux hôtels des traits antiques, mais aussi à l’engagement des personnalités du quartier pour la cause grecque face à l’empire ottoman, lors de la guerre d’indépendance grecque (1821-1832).

Gustave Moreau au cimetière Montmartre


Gustave Moreau est inhumé dans le caveau de ses parents, situé dans la 22ème division du cimetière de Montmartre. Ce cimetière, qui est le troisième cimetière le plus grand de Paris, accueille en son sein de nombreuses personnalités contemporaines de l’artiste. Non loin de lui reposent Alexandre Dumas fils, auteur de La Dame aux Camelias, et le plus récent Vaslav Nijinski, danseur et chorégraphe des Ballets Russes.
D’autres personnalités du quartier ont choisi le cimetière Montmartre comme dernière demeure, comme Medrano, les frères Goncourt, Francisque Poulbot, La Goulue, ou plus récemment Dalida, Michel Galabru…
A cause de sa santé, Gustave Moreau savait qu’il était condamné, et s’est chargé de préparer sa sépulture. Pour cela, il a embelli le caveau familial dans lequel reposaient son père et sa mère. Une simple dalle en béton était posée à la place de la tombe de Louis Moreau et Pauline Desmoutiers. Gustave Moreau dessine alors plusieurs projets pour ornementer la tombe. On pensait voir surgir du sol une structure en marbre rouge, ou même des colonnes chargées s’inspirant de quelque édifice byzantin, mais c’est une réalité toute autre qui attend le promeneur venu se recueillir sur la tombe du chef de file des symbolistes. Gustave Moreau a ajouté à la pierre tombale une colonne, surmontée d’une urne en pierre. Loin des chapelles funéraires construites par les familles fortunées de l’époque, la tombe est simple et épurée. D’autre part, Gustave Moreau dessine dans la pierre de la colonne les initiales entrelacées des prénoms de ses parents.
Gustave Moreau avait également réfléchi à l’aspect de la tombe d’Alexandrine Dureux, la seule femme qui compta réellement dans sa vie, après sa mère. Comme pour sa propre tombe, Gustave Moreau a orné la tombe d’Alexandrine d’une colonne surmontée d’une urne. Le peintre et l’ancienne institutrice n’étaient pas mariés, ce qui empêchait de les inhumer dans le même caveau, et pourtant leurs tombes sont finalement similaires pour l’éternité, comme faisant part d’une même famille. Les initiales G et A sont aussi entrelacées.
Alexandrine Dureux est inhumée dans la 18ème division du cimetière, dans un lieu moins paisible que là où se trouve la tombe de Gustave Moreau. La sépulture d’Alexandrine se trouve en effet sous le pont qui traverse le cimetière, soit un emplacement relativement poussiéreux (ce qui détériore la pierre) et bruyant.
À noter que Théodore Chassériau est également inhumé au cimetière de Montmartre, dans la 32ème division

Bibliographie


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